Poèmes grotesques

Selima et Khal


On a longtemps chanté les charmes d’Aphrodite

Les courbes Freyja ou celles d’Innanna

Cela n’est pourtant rien comparé aux pépites 

Cachées sous les dessous de Dame Sélima.


À Tabor chacun voit en elle la matrone

A laquelle jamais l’on ne saurait toucher.

Qu’on soit de haute caste ou petite mignonne

On se prend des horions à vouloir l’aguicher. 


Ses seins sont des massues pour celui qui la tète,

Ses bras des liens puissants pour qui veut l’enlacer,

Et ses fesses un étau pour qui y met la tête.

Bref on en sort meurtri ou pire collaré.


Un seul s’y est frotté, c’est Khal le magnifique,

Un garçon dont la bouche est constamment scellée

À une longue pipe en forme énigmatique,

Brûle-gueule qui sert, dit-on, de bouclier.


Car comment voulez-vous quand on roule une pelle

À cet animal là toujours soufflant, fumant

Que l’on ne grimpe pas à sa plus haute échelle

Vu le feu qu’il vous met… au cul négligemment.


Xenaus et Léha


On a longtemps chanté Dame Yseult et Tristan.

Il faut en vérité reconnaitre pourtant

Que cette histoire-là n’est que tiède bibine

Comparé à Xenaus et sa douce bambine :

Léha, petite blonde à la forte poitrine,

Dont il ne faut pas trop chatouiller les narines.


Xenaus, ce fier galant à la courte vessie,

Qui sait l’usage double et sans nulle inertie

Qu’un guerrier de son rang fait de son instrument,

Ne se contente pas de s’aller fièrement

Vider quelque trop-plein dans le trou des latrines,

Il sait également faire chanter sa tsarine.


Elle, en tendre amoureuse, est pleine d’attentions.

Dès qu’il lorgne une fille, elle lui flanque un horion

C’est qu’il ne faut pas trop la titiller, la gueuse,

Sinon elle se sent des ardeurs d’écorcheuse.

Plus d’une qui tenta de jouer les ballerines

Près de son homme a cru finir dans des terrines.


C’est le couple idéal, le mâle et la femelle

Dont chacun chantera la légende éternelle.

Ils seront ce modèle qu’il nous faut méditer

Si un jour nous visons à une telle hyménée.

Car vivre un tel amour c’est, foin d’humeur chagrine,

Danser sur un tonneau de nitroglycérine.

Graphisme de Juan José Grajeda

Pixabay